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Activité physique : huit idées reçues sur ses effets "santé"

Publié par Hélène Joubert, journaliste scientifique le 20/04/2016 - 17h03
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Trop de sport fait-il plus de mal que de bien ? Le sport peut-il contrecarrer la prédisposition au surpoids et limiter le risque de décéder d’une crise cardiaque ? Un tri s’impose, parmi le flot d’informations contradictoires sur l’activité physique et ses bienfaits "santé".

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Un peu de sport le dimanche suffit à contrer les effets du tabac

FAUX. Cette idée tenace est fausse, malheureusement. Le Pr François Carré, cardiologue, est formel* : « le sport du dimanche n’élimine absolument pas les effets nocifs du tabac. La prévention des accidents cardiovasculaires repose sur le respect des règles de bonnes pratiques et un bilan médical pré-compétition efficace et respecté par le pratiquant ». De plus, il est absolument déconseillé de fumer dans les deux heures qui précédent ou qui suivent la pratique d’une activité physique.

Le sport trop intense est dangereux

Faux. Le potentiel effet délétère cardiaque d’une pratique sportive intense sur plusieurs années fait débat. A ce jour, « aucune donnée ne permet de généraliser cette idée et il faut savoir que la durée de vie des champions est plus longue que la moyenne, précise le Pr François Carré. Mais la compétition n’est pas plus bénéfique pour la santé qu’une activité modérée. Au total, le sport est globalement bon pour la santé, mais son mode de pratique doit parfois être individuellement adapté, en particulier après la cinquantaine ».

Le sport, un antidote à la crise cardiaque ?

VRAI. Cela paraît logique mais c’est une grande étude (février 2016) qui le dit. Les personnes ayant une excellente condition physique sont moins susceptibles de décéder d’un infarctus du myocarde (1). Plus le score en équivalents métaboliques (MET ; mesure de l'intensité d'une activité physique et de la dépense énergétique) est élevé (plus la condition physique est bonne), plus le risque de décès est faible. Ceci a été étudié chez plus de 2 000 participants qui ont subi une crise cardiaque et avaient réalisé une épreuve d’effort auparavant. Au-delà d’un score MET supérieur à 10, le risque de décès suite à une crise cardiaque était réduit de 40 %. En résumé : un point du score MET en plus, c’est 8% en moins de risque de décès !

"Point de côté", le remède est d’appuyer sur la zone douloureuse

FAUX. Cela ne sert à rien car la douleur est due à une mauvaise vascularisation du diaphragme, qui se contracte alors. C’est la conséquence d’une respiration inadaptée. Les personnes sédentaires sont plus exposées. Le point de côté survient pendant l’effort et surtout la course à pied, quelle que soit la vitesse. Le seul moyen pour le faire partir est d’inspirer et d’expirer à fond. Pour l’éviter, mieux vaut prendre le bon rythme ventilatoire (respiration abdominale de préférence) dès le départ : une inspiration sur deux foulées puis une expiration sur deux foulées, un exemple parmi d’autres.

Suffit-il de transpirer pour contrecarrer une prédisposition génétique à prendre du poids ?

VRAI, en partie. Condamné à être obèse ? Pas si vite. Un gène qui prédispose à la l’adiposité, FTO, peut être modifié par l'activité physique. Celle-ci freine son action entre 36 % et 75% au niveau des muscles et des tissus adipeux. Un message encourageant : non seulement l’activité physique permet de perdre du poids et de renforcer sa musculature, mais elle agirait aussi sur ce gène FTO, conclut l’étude d’une cohorte multi-ethnique EpiDREAM (2).

Les enfants se dépensent suffisamment pour manger ce qu’ils veulent

FAUX. En 40 ans, les "9-17 ans" ont perdu environ 25 % de leur capacité physique (endurance). « C’est insuffisant et une bombe à retardement », prédit le Pr François Carré (3). « L'homme atteint le maximum de sa capacité physique entre 18 et 22 ans. Ensuite, il décline inexorablement. Plus il part de haut, plus il a de chances de vivre longtemps en bonne santé », explique François Carré.

Sédentarité et manque d’exercice physique sont synonymes

FAUX. L’inactivité physique, c’est moins de 30 minutes d’activité physique quotidienne alors que la sédentarité est une fréquence faible, voire nulle, de déplacements. « Plus le temps journalier passé en position assise est élevé et plus courte est l'espérance de vie », estime le Pr François Carré. Pratiquer régulièrement 30 minutes d’activité physique par jour ou une activité intense deux fois par semaine réduit de 25 à 30% le risque d’accident vasculaire cérébral et coronaire ou sa récidive. Le fait d’être sédentaire est un facteur en soi de mortalité cardio et cérébro-vasculaire supplémentaire. Une étude Brésilienne a même chiffré que la station assise pendant plus de trois heures par jour causerait près de 4% de la mortalité mondiale, soit plus de 433 000 décès évitables dans le monde.

En cas de cancer, mieux vaut préserver ses forces

FAUX. De nombreuses études scientifiques sont au contraire en faveur de l’exercice physique chez des personnes atteintes de cancer. Il réduit la fatigue liée à la maladie et améliore aussi la force et la qualité de vie. Les recommandations penchent pour 150 minutes d’activité physique par semaine. Celui-ci doit plutôt être d’intensité modérée, confirme une publication scientifique qui a compilé 42 études, avec une action bénéfique sur la fatigue et l’endurance, sauf pour les tumeurs hématologiques (cancers du sang) (6).

Publié par Hélène Joubert, journaliste scientifique le 20/04/2016 - 17h03

* Communiqué de presse à l’occasion des 26èmes Journées Européennes de la Société Française de Cardiologie

(1) february 2016 Vol 91, Isssue 2, P 129-39 ; (2) Scientific Reports 6 ; art.n° 18672 (2016) ; (3) Fédération Française de Cardiologie/Communiqué de presse Le 15 février 2016 ; (4) Medicine &Sience in sport & Exercice. March 2016 Vol 48, Issue 3 ; p4212-20 ; (5) American Journal of Preventive Medicine March 23, 2016 DOI: http://dx.doi.org/10.1016/j.amepre.2016.01.022; (6) J Physiother., 2016, 62 : 68-82

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