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Les antibiotiques en question

Publié par Pierre Dewaele, journaliste médical et scientifique le 16/02/2002 - 00h00
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Trop d'antibiotiques tuent leur efficacité, c'est en fait ce qu'il faut retenir de l'enquête menée par la Société Scientifique de Médecine Générale

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Même si l'étude présentée dernièrement par l'Institut Scientifique de la Santé Publique et publiée par la Société Scientifique de Médecine Générale est vieille de deux ans, elle marque néanmoins un tournant dans la prise de conscience des médecins quant à la prescription d'antibiotiques.Il n'est pas simple de plaider coupables pour une faute qu'on croit ne pas avoir commise. Pourtant c'est ce que font les généralistes à l'issue de la publication des résultats de l'étude. Ainsi les médecins traitant reconnaissent qu'ils prescrivent beaucoup (trop) d'antibiotiques à leurs patients. L'enquête portait sur la consultation de patients pour un " mal de gorge ". Il faut savoir que dans 80% des cas celui-ci est dû à un virus, insensible à l'antibiothérapie et non pas à une bactérie.

A mauvais escient

Dans la moitié des cas, cependant, les médecins ont prescrit un antibiotique, ce qui était justifié selon eux afin de réduire la durée de l'affection et de diminuer le risque de complications. Malheureusement, les recommandations sont mal comprises car la prescription n'est justifiée que dans le cas d'une affection à Streptocoques, encore l'antibiotique ne diminue-t-il la longueur de l'infection que de 48 heures et ne devrait en fait être donné qu'à des patients à risques souffrant d'une affection cardiaque ou d'asthme. Seul 1 patient sur 20 ne correspond qu'à ces critères. Par ailleurs, la grande majorité prescrivent une molécule à large spectre qui permet d'atteindre un grand nombre de bactéries mais qui risque devenir inefficace si des résistances apparaissent. On recommande en fait d'utiliser un antibiotique plus ciblé afin de réduire ce risque. Mais si les médecins ont eu le courage de reconnaître leur tort, il est temps aussi que les patients eux-mêmes, donc nous, fassions de même. En effet, dans plus d'un cas sur 5 les médecins admettent avoir prescrit ces précieux médicaments à la demande expresse du patient…L'apparition de nouvelles molécules (voir " Antibiotiques, la nature montre encore une fois le chemin ") ne change rien à l'affaire. Il est nécessaire que nous devenions raisonnables ; à défaut, nous risquons de ne plus pouvoir contrôler les bactéries omniprésentes dans notre environnement. Il est probable que le succès de la campagne menée par le Ministère de la Santé Publique mènerait à d'autres résultats que ceux exposés plus haut mais nous devons veiller à rester vigilants et à modérer notre consommation en médicaments.

Publié par Pierre Dewaele, journaliste médical et scientifique le 16/02/2002 - 00h00 Revue de la Médecine Générale, janvier 2002
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