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Des bactéries contre la maladie de Crohn

Publié par C. De Kock, journaliste santé le 22/07/2003 - 00h00
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Des patients souffrant de la maladie de Crohn ont recu un traitement par bactéries génétiquement modifiées dans l'espoir que ces dernières secrètent dans leur intestin de l'Interleukine 10, une protéine potentiellement curative.

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Le concept du traitement par des bactéries Lactococcus lactis génétiquement modifiées a été développé par un Belge, Lothar Steidler, travaillant au VIB (Vlaams Interuniversitair Instituut voor Biotechnologie). Ces micro-organismes sont notamment utilisés dans l'industrie laitière pour la transformation du lait en babeurre ou en fromage et fait partie de notre flore intestinale normale. L. Steidler a eu l'idée de greffer un gène humain codant pour l'Interleukine-10 dans ce lactocoque. L'Il-10 est une cytokine inhibant les réactions inflammatoires intestinales en réduisant l'activité des cellules de défense immunitaire. Dans le cas de la maladie de Crohn, c'est précisément l'hyperactivité de ces cellules immunitaires qui provoque l'inflammation gastro-intestinale chronique. Jusqu'à présent, les essais de perfusion de grandes quantités d'Il-10 ont toujours été infructueux, car seule une petite quantité de la protéine parvenait dans l'intestin. C'est dire si l'attente est grande vis-à-vis des bactéries génétiquement modifiées.

Des bactéries efficaces dans l'intestin mais ne se développant pas dans la nature

Avant de pouvoir procéder aux essais cliniques, il fallait être sûr que ces bactéries génétiquement modifiées ne se retrouveraient pas telles quelles dans l'environnement. Les biotechniciens ont résolu ce problème en éliminant le gène codant pour la thymidilate synthétase du génome de la bactérie. Dans ces conditions, le lactocoque ne peut survivre que s'il dispose d'un environnement riche en thymine ou en thymidine. Ces molécules ne sont pas présentes en quantités suffisantes dans la nature, mais bien dans l'intestin des mammifères. Lothar Steidler a testé avec succès les bactéries génétiquement modifiées in vitro, mais aussi sur des porcs. La bactérie produisait de l'Il-10 à profusion dans l'intestin des porcs, mais n'était pas capable de survivre à l'extérieur. Malgré ces résultats encourageants, les chercheurs ne veulent pas susciter de faux espoirs chez les patients. En effet, la mise au point du traitement devrait encore prendre 5 à 10 ans.

Publié par C. De Kock, journaliste santé le 22/07/2003 - 00h00 Le Journal du médecin, 4 juillet 2003.
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