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Les biorythmes ne sont plus ce qu'ils étaient!

Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé le 04/01/2005 - 00h00
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Les sportifs de plus de quarante ans se souviendront certainement de cet engouement pour la théorie des biorythmes. Depuis lors, on a fait machine arrière. Faut-il le regretter?

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Cette idée que nous subissons tous l'influence de trois cycles invariables - physique, émotionnel, intellectuel - depuis l'âge de notre naissance jusqu'à celui de notre mort nous vient des pays de l'Est à une époque où, il faut bien le dire, peu d'informations filtraient au-delà du Rideau de Fer. Surtout dans le domaine de la recherche scientifique! De ce fait, on avait un peu tendance à tout prendre pour argent comptant. Ce fut clairement le cas pour les biorythmes. La mode se propagea en Occident et gagna le sport au début des années 80. Beaucoup d'entraîneurs s'efforcèrent alors de tenir compte de la date de naissance de leurs athlètes pour leur concocter un programme d'entraînement. Ils désignaient ainsi les "jours à risque" susceptibles de donner lieu, selon cette théorie, à des contre-performances ou à des blessures. Les sports collectifs n'échappèrent pas à la mode. Certains programmes "scientifiques" proposaient, par le biais de puissants logiciels, d'établir des moyennes à partir des dates de naissance des différents partenaires, afin d'obtenir le "biorythme" de l'équipe. En vérité, ces méthodes ne reposaient sur rien de concret.

Les Australiens dénoncent le mythe

Pour démontrer l'inanité de la chose, des scientifiques australiens ont répertorié tous les records du monde d'athlétisme battus entre 1913 et 1977 (soit 700 événements). A partir des dates de naissance, ils ont établi la carte biorythmique des athlètes pour déterminer dans quelle phase des cycles, ceux-ci se situaient le jour de leur exploit (1). Ce protocole d'étude particulièrement sévère excluait les recordmen aux dates de naissance inconnues ou douteuses: les Kenyans, par exemple. Les conclusions d'un tel travail ne devaient faire l'objet d'aucune contestation. Et que disent-elles? "L'analyse statistique révèle que la survenue de records lors de jours critiques est directement proportionnelle au nombre de jours critiques de chaque cycle (...), et par conséquent, qu'ils tombent de façon totalement aléatoire. Ainsi, aucune preuve, d'après l'analyse de ces 700 records du monde, ne permet de conclure au bien-fondé des biorythmes".

Ne pas confondre biorythmes et rythmes biologiques

La théorie des biorythmes n'a pas survécu à cette grande enquête. Tant mieux ! Mais cela ne signifie évidemment pas qu'il faille rejeter toute idée de variations cycliques de notre métabolisme. Au contraire! Beaucoup de travaux sont entrepris pour mieux cerner les rythmes biologiques qui nous influencent à l'échelle d'une journée ou sur des périodes parfois beaucoup plus longues. Ces connaissances nouvelles devraient nous servir en médecine pour déterminer les bonnes heures d'administration de médicaments ou le moment le plus opportun pour effectuer certains actes thérapeutiques. Dans le sport aussi, cela pourrait servir. Récemment, on a découvert par exemple que les résistances des voies respiratoires étaient spontanément plus fortes à midi et plus faibles en fin de journée (2). Les physiologistes n'ont pas perdu l'espoir d'établir des programmes d'entraînement intégrant ces phénomènes biologiques rythmiques. Les grilles futures d'entraînement seront probablement beaucoup plus subtiles que nos actuels "macrocycles" et "microcycles". Mais cela n'aura pas grand-chose à voir avec les biorythmes. Le seul intérêt de cette mode aura été d'attirer l'attention des athlètes sur des phénomènes cycliques de préparation; même si, dans cette approche, la date de naissance ne joue aucun rôle.

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Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé le 04/01/2005 - 00h00 1) Quigley BM (1982): Biorythm and men's track and field world records, Med. Sci. Sports Exerc. 14.4:303. 2) G. Benzadon dans le Quotidien du Médecin du 3 novembre 2004.
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