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Dépression : un risque de rechute important

Publié par Isabelle Eustache le 17/06/2003 - 00h00
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Les rechutes sont fréquentes, se multiplient et s'accélèrent. Un patient qui a déjà fait un épisode dépressif a 60% de risque d'en faire un autre au cours de sa vie. Celui qui en a fait deux a 70% de risque de rechute. A trois épisodes, cette probabilité passe à 90%.

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Il est difficile de traiter une personne déprimée. Près de 40% des patients ne respectent pas la stratégie thérapeutique convenue et arrêtent les médicaments avant trois mois, sans même en parler avec leur médecin. Il n'existe ni examen clinique, ni prise de sang, validant le diagnostic. Et enfin, personne ne connaît précisément la cause d'une dépression.Mais il s'agit d'une maladie qui se soigne, se guérit et dont on peut prévenir les rechutes, à condition de savoir que leur taux n'est pas négligeable.Le fait de bien connaître les risques de rechute aide le patient à mieux comprendre les décisions de son médecin et à participer activement au traitement et à la prévention.C'est également un moyen pour les proches d'inciter un déprimé à ne pas arrêter ses médicaments sans avis médical. En effet, du fait des récurrences dépressives, les malades perdent souvent pied, changent de médecin, arrêtent leur traitement, se sentent de plus en plus délaissés par leurs proches et perdent progressivement espoir.

Fréquence des rechutes : une réalité à connaître

La durée des intervalles libres entre deux épisodes dépressifs diminue en fonction du nombre d'épisodes antérieurs et de la périodicité de l'âge d'apparition du premier épisode. Pour un patient, la probabilité de souffrir d'un nouvel épisode dépend du nombre d'épisodes dépressifs qu'il a déjà présenté.

  • 1 épisode : 60% de risque d'en faire un second.
  • 2 épisodes : 70% de risque d'en faire un troisième.
  • 3 épisodes : 90% de risque d'en faire un quatrième.Les récurrences surviennent précocement. C'est dans les premières semaines qui suivent l'arrêt prématuré du traitement que surviennent le plus fréquemment les rechutes. Le taux le plus élevé correspond aux huit semaines qui suivent l'arrêt du traitement.De nombreux facteurs peuvent intervenir dans ce phénomène.
  • Les facteurs de risqueLes événements de vieBeaucoup de déprimés ont vécu des événements perturbateurs douloureux quelques temps avant leur réaction dépressive (divorce, déménagement, licenciement, décès, départ du foyer familial d'un enfant…). Cette notion est scientifiquement prouvée.La vulnérabilité psychiqueCertaines personnes sont plus vulnérables que d'autres à l'impact des événements. C'est la manière de faire face à la situation ainsi que le rôle structurant et protecteur de l'environnement social qui vont compter pour l'individu. Doivent être pris en considération les facteurs douloureux, la mauvaise insertion sociale et les réactions inadéquates du patient.L'âgeOn constate une augmentation de la dépression parmi les jeunes, particulièrement dans la tranche d'âge 25-44 ans. Mais d'autres paramètres interviennent. Ainsi, la fréquence de la dépression est plus élevée chez la jeune femme de moins de 35 ans, tandis qu'elle augmente à partir de 50 ans chez l'homme, pour devenir identique dans les deux sexes à partir de 65 ans. Par ailleurs, les personnes âgées ont plus de dépressions chroniques et leurs rechutes sont plus fréquentes.
  • Le sexeLes femmes dépriment deux fois plus que les hommes, à nuancer avec la longévité féminine et le fait que les femmes admettent leur maladie plus facilement et rapidement que les hommes. La différence selon les sexes est encore plus flagrante en ce qui concerne la fréquence des rechutes : 22% des femmes qui ont eu un épisode dépressif récidivent contre près de 13% des hommes.Les autres facteursSelon certains cliniciens, l'emploi, le niveau de scolarisation et les revenus peuvent intervenir en provoquant un enchaînement dépressiogène : des revenus plus bas favorisent de mauvaises conditions de logement qui peuvent entraîner à leur tour un certain isolement social d'où la tendance à déprimer. Mais inversement, on peut établir le schéma suivant : en réaction à un milieu défavorisé, l'enfant peut acquérir une réactivité supérieure qui stimulera en lui une volonté de s'en sortir.Le rôle du statut affectif semble mieux documenté. Les patients divorcés ou veufs présentent un taux de persistance dépressive plus important, notamment les femmes. Le statut affectif jouerait essentiellement au niveau de la vulnérabilité de la facon suivante : ce sont d'abord les veuves ou les divorcées qui risquent de faire une dépression, ensuite les veufs, célibataires ou divorcés, puis les femmes mariées et en dernier les hommes mariés. Globalement interviennent : les événements stressants et les difficultés psychologiques au cours de l'existence, le bas niveau socio-économique, le manque de relations sociales d'aide et de contenance, le veuvage, la séparation ou le divorce, la période particulière de la grossesse et de l'accouchement où la jeune mère est plus vulnérable, la tranche d'âge 30-40 ans et l'existence d'un trouble névrotique de la personnalité.
La durée des intervalles libres entre deux épisodes dépressifs diminue en fonction du nombre d'épisodes antérieurs et de la périodicité de l'âge d'apparition du premier épisode. Pour un patient, la probabilité de souffrir d'un nouvel épisode dépend du nombre d'épisodes dépressifs qu'il a déjà présenté.
Publié par Isabelle Eustache le 17/06/2003 - 00h00 Dr Dominique Barbier, " La dépression ", Edition Odile Jacob, prix éditeur 16,80 euros.
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