Depuis quelques années, les antalgiques à base de dextropropoxyphène (DXP) font débat un peu partout en Europe. Au point que l'Agence européenne du médicament recommande leur retrait pur et simple du marché â" ils ne sont d'ailleurs plus accessible au Royaume-Uni, entre autres. Mais qu'en est-il vraiment?

Faut-il interdire le dextropropoxyphène?
Le dextropropoxyphène (DXP) est un antalgique de type morphinique. Souvent associé au paracétamol, il est utilisé pour lutter contre la douleur. En Belgique, il s'agit du Depronal® ou de l'Algophène, mais il est connu sous d'autres noms: Coproxamol® au Royaume Uni, Di-Antalvic® en France, etc. S'il est peu utilisé chez nous, il est par contre beaucoup plus courant chez nos voisins et dans le nord de l'Europe. Selon ses détracteurs, la molécule est mal supportée par nombre de patients qui se plaignent de fatigue, de vertiges ou encore de désorientation. 'Les effets secondaires sont loin d'être négligeables, explique le Dr Michel Vanhalewyn, coordinateur général à la Société scientifique de médecine générale (SSMG). Outre des troubles de la vigilance (somnolence, confusion, troubles de l'humeur, etc.), le DXP peut également provoquer des problèmes cardiaques et rénaux, potentiellement mortels. C'est la raison pour laquelle cette molécule est peu prescrite chez nous.'
Une arme contre soi-même
S'il est mal connu et peu médiatisé en Belgique, le DXP fait débat dans d'autres pays depuis quelques années déjà. En Suède, on l'accusait de tuer 200 personnes par an (sur 9 millions d'habitants). Au Royaume Uni, on lui attribuait 300 à 400 décès annuels. Les autorités de ces deux pays ont donc décidé, entre 2005 et 2007, d'interdire la molécule. Or, d'après les données britanniques, 80 % des morts associées aux médicaments contenant du DXP correspondent à des intoxications volontaires. 'Le principal problème du dextropropoxyphène, outre ses effets secondaires, c'est la toute petite marge qui existe entre la dose thérapeutique (600 mg/jour maximum) et la dose léthale (un peu plus d'un gramme), explique le Dr Vanhalewyn. Quelques cachets de cet antalgique suffisent à provoquer un arrêt cardiaque.' En d'autres termes, les candidats au suicide y recourent souvent, en tout cas dans le nord de l'Europe. Car en France, par exemple, pays aussi peuplé que le Royaume Uni, il n'y aurait 'que' 65 décès par an liés à ces antalgiques.