On connaît de mieux en mieux les très nombreux aspects de notre santé qui sont influencés par notre microbiote intestinal, c’est-à-dire par l’ensemble des microorganismes qui colonisent notre intestin. Mais pouvons-nous le modifier pour nous soigner ?

Modifier sa flore intestinale, c'est possible !
Notre microbiote intestinal (le terme est aujourd’hui préféré à « flore intestinale ») change chaque jour, à chaque heure même, puisqu’il est constitué de milliards de bactéries qui vivent et meurent dans notre intestin. Mais en général, elles vont être remplacées par leurs descendantes, donc notre microbiote intestinal est relativement stable dans le temps. Certains événements peuvent néanmoins le modifier sur le long terme. Ainsi, quand on prend une cure d’antibiotiques qui éliminent des bactéries ciblées dans l’intestin, l’impact sur le microbiote intestinal se fait sentir plusieurs mois après. De plus les greffes fécales (transplantations de microbiote) sont aujourd’hui proposées comme thérapie potentielle ; leur efficacité est testée notamment dans les infections sévères de l’intestin.
Il existe aussi des manières démontrées de modifier son microbiote à court, voire très court terme : consommer des probiotiques (bactéries qui vont aller s’installer dans l’intestin) ou des prébiotiques (fibres qui nourrissent certaines bactéries). Mais si l’on cesse cette consommation, le microbiote retrouvera son état initial rapidement. On parle de « résilience » de la flore intestinale.
Microbiote intestinal : n'attendons pas de miracles
Par ailleurs, souligne le Pr Nathalie Delzenne, leader du Metabolism and Nutrition Research Group de l’Université catholique de Louvain, il ne faut pas attendre de solutions hâtives sans preuve scientifique : « Nous comprenons de mieux en mieux l’influence du microbiote intestinal, mais il n’existe pas à l’heure actuelle de technique permettant de le modifier de façon à influencer notre état de santé qui soit validée par des études d’intervention bien menées par les scientifiques. » En effet, quand les médecins obtiennent un changement qui reste mesurable à moyen terme, il n’est en général pas très radical.
En fait, explique le Pr Delzenne, « on pense à l’heure actuelle qu’il existe des clusters de bactérie qui ont tendance à coexister dans les intestins. » Les chercheurs tentent à l’heure actuelle de classer les personnes par « entérotypes », des types de microbiote intestinal, un peu comme les groupes sanguins. Une personne qui a tel ou tel groupe de bactéries ne pourrait pas en changer, ou difficilement. Mieux connaître le microbiote ouvre cependant des pistes de nouvelles approches thérapeutiques pour les médecins.
Le Pr Nathalie Delzenne, leader du Metabolism and Nutrition Research Group de l’Université catholique de Louvain