Jeans ultra-serrés, baume à lèvres à la moindre occasion, bracelets tissés au poignet pendant des mois… après avoir lu cet article, vous pourrez quand même céder à ces tendances "mode", mais en toute connaissance de cause et surtout en restant vigilant !

Jeans serrés, attention danger !
Aux fashions victims, adeptes des jeans serrés ou "skinny jean", voici une information qui va vous interpeller. Le Journal of Neurology, Neurosurgery and Psychiatry, publiait en juin dernier (1) le cas d’une australienne de 35 ans, hospitalisée pour un jean trop serré. Après une journée d’efforts intenses - un déménagement - elle s’est écroulée, les jambes engourdies. Cette manifestation est typique du "syndrome des loges", une ischémie (diminution de l'apport sanguin artériel) musculaire provoquée par une augmentation anormale de pression au sein, dans ce cas précis, de la loge musculaire du mollet (espace contenant des muscles et entouré d'une membrane, l’aponévrose). En l’occurrence, le fait d’avoir plié les genoux des heures durant a créé une compression extrême au niveau des mollets. Si cette femme s’en est bien sortie, ce syndrome peut parfois conduire à l’amputation et entraîner de sévères dommages, notamment au rein.
Mais pas d’affolement, au-delà de ce cas dramatique mais extrême, « un vêtement serré n’est pas forcément en soi un inconvénient, modère le Dr Jean-François Van Cleef, médecin vasculaire membre de la Société Française de Phlébologie et chef de service de médecine vasculaire de l'institut Arthur Vernes (Paris). Nous prescrivons bien des chaussettes et des collants de compression ! En réalité, tout dépend de la force de compression et la manière dont elle est appliquée ». Le jean ou pantalon moulant qui suit bien les mouvements ne pose aucun problème. La conception du vêtement compte pour beaucoup : la coupe, l’emplacement des coutures, la répartition de la force de compression, l’allongement élastique du tissus, son adaptation à la morphologie et aux mouvements de la personne... tout doit être harmonieux. « Certaines coupes peuvent blesser la peau, couper la circulation veineuse au niveau des genoux et provoquer une stase (stagnation du sang) au niveau d'une veine, responsable d’une phlébite, d’embolies pulmonaires, ou être à l’origine d’une compression artérielle voire d’une paralysie neurologique ou d’un déficit sensitif lorsque le vêtement comprime un nerf ». Mais vouloir entrer dans un 38 alors que l’on fait un 40… n’a rien de raisonnable non plus, la compression sera trop importante et la circulation sanguine entravée.
Des jeans moulants oui, mais pas trop !
User mais ne pas abuser du baume à lèvres
Une habitude prise l’hiver, un jour de grand froid qui laisse les lèvres gercées, puis peu à peu, impossible de se passer d’une application de stick ou de baume à lèvre, même au printemps et l’été. Le matin, après manger, avant d’appliquer le rouge à lèvres… et c’est le cercle vicieux. « Je reçois des patients qui, après avoir étalé du stick à lèvres 5 à 10 fois par jour pendant quelques semaines, en appuyant sur les lèvres, ont provoqué par ce geste une chéilite mécanique (inflammation accompagnée de fissure des lèvres), souvent aggravée par leur habitudes de mordiller ces lèvres qui ne sont plus vraiment lisses », constate le Pr Brigitte Dréno, chef de service de Dermatologie (CHU de Nantes). Les lèvres deviennent sèches avec une desquamation cornée en surface. Dans le pire des cas, se forment des fissures transversales douloureuses, avec une sensation de brûlure. La personne se pourlèche alors fréquemment les lèvres, ce qui aggrave la situation. C’est encore plus problèmatique chez les personnes acnéiques traitées par de l’isotrétinoïne, un médicament qui assèche les muqueuses. « Les produits qui contiennent du baume du Pérou - la majorité - sont à éviter, conseille la dermatologue, car ils sont allergisants. En cas de chéilite, je recommande alors de s'appliquer très doucement avec le doigt de la vaseline et je leur répète de ne surtout pas enlever ni avec ses doigts ni avec ses dents, les petites peaux qui se forment sur la lèvre ».
(1) Fashion victim: rhabdomyolysis and bilateral peroneal and tibial neuropathies as a result of squatting in ‘skinny jeans’. J Neurol Neurosurg Psychiatry jnnp-2015-310628 Published Online First: 23 June 2015 ; (2) http://www.dailymail.co.uk
D’après des entretiens avec le Pr Brigitte Dréno, chef de service de Dermatologie et directeur de l’Unité Thérapie Cellulaire et Génique (CHU de Nantes), membre du Groupe Expert Acné (GEA) et le Dr Jean-François Van Cleef, médecin vasculaire membre de la Société Française de Phlébologie et chef de service de médecine vasculaire de l'institut Arthur Vernes (Paris).