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L'obésité est-elle contagieuse ?

Publié par Dr Philippe Presles le 21/08/2007 - 00h00
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Aussi surprenant que cela puisse paraître, l'obésité semble être une maladie contagieuse. Les proches et les amis d'une personne obèse ont 40 à 171% de risque de le devenir aussi. L'imitation du mode de vie ne semble pas en cause. Ce phénomène s'expliquerait davantage par une dérive progressive des normes corporelles.

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L'obésité, une maladie en croissance exponentielle

Aux États-Unis, l'obésité a doublé en une quinzaine d'années et aujourd'hui près de 66% des Américains sont en surpoids. En France aussi la situation est dramatique avec 30% des femmes et 52% des hommes en surpoids, et 11% de la population en état d'obésité. Causes les plus fréquentes: une alimentation trop riche, la sédentarité et certains facteurs génétiques. En plus des répercussions psychologiques, sociales et professionnelles, l'excès pondéral est très dangereux pour la santé. Les maladies cardiovasculaires, l'arthrose, les affections respiratoires, l'hypertension, le diabète de type 2 et l'augmentation du risque de cancer sont tous liés au surpoids.

Un nouveau facteur de risque

L'idée d'une contamination de proche en proche pourrait expliquer la croissance exponentielle du surpoids et de l'obésité. Cette démonstration a été faite à partir des données recueillies auprès de 12.000 personnes suivies entre 1971 et 2003, et 37.000 de leurs amis, proches et voisins. Pour chaque sujet, l'indice de masse corporelle était connu (poids en kilos divisé deux fois par la taille en m), ainsi que son éventuelle évolution.
On constate ainsi que les amis d'une personne obèse ont un risque de le devenir aussi qui augmente : le pourcentage est de 70% lorsqu'il s'agit d'un ami du même sexe, et de 171% si c'est le ou la meilleur(e) ami(e). Quant au conjoint, son risque s'accroît de 37%. Et enfin, dans cette étude, le risque pour les frères et sŒurs s'élève de 40%. Le problème n'est donc pas seulement génétique. On remarque également que la distance géographique ne modifie pas ces données. Par ailleurs, l'augmentation du risque n'est pas observée chez les voisins, sauf s'ils sont devenus de bons amis.

La dérive des normes corporelles
Le phénomène observé ici ne s'explique pas par une alimentation identique entre amis ou plus largement par l'adoption d'un mode de vie similaire, mais bien plus par une dérive des normes: si mes proches sont gros, alors "je peux me laisser aller moi aussi"…
En pratique, quel que soit l'entourage, il ne faut pas se laisser entraîner et garder ses repères.
Dans le cas de proches, conjoints ou amis, il est préférable d'en parler ouvertement. Et entre amis, il n'y a pas de sujet tabou, d'autant plus que dans le cas du surpoids, les amis sont on ne peut mieux placés pour encourager et soutenir.

Publié par Dr Philippe Presles le 21/08/2007 - 00h00 Christakis N.A. and Fowler J.H., N. Engl. J. Med., 357 (4) : 370-9, 2007.
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