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Obésité : l'hypothèse de la jauge calorique

Publié par Nicolas Rousseau, diététicien nutritionniste le 17/08/2004 - 00h00
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Les scientifiques s'interrogent toujours face à l'épidémie mondiale d'obésité, tant le phénomène apparaît plus complexe qu'il n'y paraît à juguler. Une nouvelle étude se braque sur le rôle partiel de la surconsommation de sodas riches en sucres et, même, de sodas lights…

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D'après deux chercheurs de l'Université de Purdue, dans l'Indiana, opter pour une limonade light au contraire d'une limonade " regular " ne serait pas forcément la meilleure attitude pour lutter contre l'excès de poids !

Une jauge de carburant

Pour le professeur Terry Davidson et son associée, le professeur Susan Swithers, l'explication pourrait notamment résider dans l'effet trompeur (pour le cerveau) des édulcorants acaloriques (aspartame, saccharine, cyclamates,…) qui ont pour mission de remplacer le sucre. Ceux-ci empêcheraient la faculté naturelle de l'organisme de " compter " les calories en fonction de la saveur sucrée et de la texture de l'aliment ingéré. En avalant des aliments au goût sucré, de forte densité et de forte viscosité, le cerveau percoit un signal fort qui le renseigne sur son contenu énergétique élevé. Il peut dès lors, à partir de cette information " jauger " les apports caloriques dont il a besoin. La substitution du sucre par un édulcorant acalorique pourrait faire croire au cerveau qu'un aliment sucré n'apporte pas d'énergie et donc " autoriser " sa surconsommation, au point, probablement, de favoriser la prise de poids.

Mystifiant...

Des études anciennes avaient déjà mis en lumière cette capacité du cerveau à jauger l'apport calorique d'un aliment, en fonction de la consistance de celui-ci : l'organisme fait ainsi la différence énergétique entre du lait entier et du lait écrémé, moins " épais " en bouche.Nos deux chercheurs ont poussé encore plus loin les recherches chez le rat, à travers deux études. La première consistait à nourrir deux groupes d'animaux pendant 10 jours soit avec des liquides sucrés, soit avec des liquides édulcorés à la saccharine. Au terme de cette période, les rats avaient libre accès à un petit snack chocolaté riche en énergie. Verdict : les rats ayant recu l'édulcorant ont mangé plus de chocolat, comme s'ils étaient devenus incapables de compenser ce petit extra calorique.Dans la deuxième expérience, c'était cette fois la viscosité de l'aliment ingéré qui différait entre les deux groupes (pudding au chocolat versus lait chocolaté). Résultats : les rats nourris au lait chocolaté ont gagné plus de poids que les rats recevant du pudding.En clair, les calories contenues dans les liquides sont moins prises en compte par le cerveau que celles fournies par des aliments solides ou semi-solides.

Publié par Nicolas Rousseau, diététicien nutritionniste le 17/08/2004 - 00h00 Source : Davidson TL and SE Swithers, International Journal of Obesity 2004 ; 28 :933-935
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