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Les ravages du sport passif

Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé le 24/05/2005 - 00h00
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On évoque souvent les dangers du tabagisme passif. Mais les personnes qui se considèrent comme sportives parce qu'elles ont l'habitude de regarder les performances des autres courent, elles aussi, des risques importants en termes de santé!

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Au moment du Super Bowl, c'est-à-dire la finale du championnat professionnel de football américain, les plus hautes autorités nationales exhortent les téléspectateurs, par médias interposés, pour qu'ils n'aillent pas aux toilettes tous en même temps pendant les temps morts de la partie. Poussés massivement par la même envie de faire pipi, née probablement de l'association de la bière et des émotions fortes, ils tirent tous la chasse d'eau au même moment et cette demande brutale dépasse les capacités d'approvisionnement des mégalopoles américaines. Preuve que des comportements stéréotypés à de très larges échelles peuvent complètement déstabiliser une société. Et ce n'est pas tout! Ils s'avèrent aussi très préjudiciables à l'échelle de la personne.

Trop de télé tue le sport

En Europe aussi, on craint les conséquences d'une expansion des loisirs totalement passifs. Au début de l'année 2000, l'Institut de recherche pharmacologique Roche a mené une enquête qui montrait que le risque d'obésité infantile est 5,2 fois plus élevé lorsque les enfants restent plus de 31 heures par semaine devant la télé par rapport à ceux qui se contentent de 11 heures de programmes. Quatre heures de télévision par jour, c'est déjà quatre fois plus de risque de surpoids! Evidemment, ce n'est pas la télé en tant que telle qui est responsable. Mais le mode de vie qu'elle suppose: oisiveté, grignotages, fonte musculaire.

Une autre étude sur la nocivité de telles habitudes nous est venue des Pays-Bas et s'intéressait spécifiquement à l'effet délétère des programmes riches en émotions fortes sur des spectateurs avachis. Les auteurs ont d'abord relevé les dates où l'équipe de football néerlandaise jouait des matchs importants dans le cadre du championnat d'Europe des Nations (1996), puis les ont comparées aux statistiques nationales de décès par accidents vasculaires. Le jour de la défaite, ils ont ainsi dénombré 22 infarctus mortels. Ils ont alors établi des comparaisons avec les cinq jours avant le match et les cinq jours après, mais aussi avec la même période de 95 et 97. Résultat: une augmentation de 50 % des morts!

La corrélation ne se discute pas et confirme ce que l'on savait déjà, à savoir qu'un stress est d'autant plus dangereux qu'il n'est pas accompagné d'un effort physique qui justifie l'augmentation du rythme cardiaque. Cette inhibition de l'action génère souvent chez le supporter un désir de compensation par la bière, la cigarette, le cognac ou le cigare, des habitudes qui contribuent à ce que l'organisme perde ses repères. Pris dans cet engrenage, le système cardiovasculaire rend les armes et il arrive que le supporter succombe au moment du penalty!

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Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé le 24/05/2005 - 00h00 British Medical Journal, 21/12/2000.
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