Une nouvelle étude révèle une tendance croissante chez les employés à se présenter quand même au travail quand ils sont malades, ce qui augmente l'inquiétude des employeurs quant à la contagion sur le lieu de travail. 56% des employeurs (contre 39% il y a deux ans) déclarent que le fait que des employés malades viennent quand même travailler, le présentéisme, constitue un problème dans leur société.

Travailler même malade
Cette étude a été menée auprès de 300 responsables des ressources humaines de sociétés américaines et a conclu que le présentéisme peut véritablement affecter l'entreprise, malgré qu'il ne soit généralement pas percu comme tel. Après tout, l'employé est au travail, mais comme il ne se sent pas bien, il n'est pas aussi productif que d'habitude et la qualité du travail en pâtit. De plus, il peut contaminer les autres employés, ce qui empire encore le problème. Si bien que les coûts indirects sont élevés, bien que souvent ignorés.
Le phénomène du présentéisme met également le doigt sur des problèmes au travail. Les chercheurs ont mis en évidence de nombreux motifs qui poussent les employés à ne pas rester chez eux à se soigner et se reposer. Voici les six motifs les plus communément cités:
- trop de travail/peur de ne pas respecter les délais (66%) ;
- pas de remplacant ou de personne à qui confier son travail (56%) ;
- ne pas vouloir utiliser ses congés (50%) ;
- peur d'être sanctionné au travail pour avoir pris des congés de maladie (46%) ;
- par loyauté envers la société (36%) ;
- la culture de la société n'encourage pas à prendre des congés de maladie (25%).
Toujours selon cette étude, la plupart des entreprises confrontées au problème du présentéisme essaient de le combattre en renvoyant les employés malades à la maison (62%), en éduquant leurs employés à l'importance de rester chez eux quand ils sont malades (46%) ou en donnant à leurs employés la possibilité de faire du télétravail quand ils sont malades (22%).
Présentéisme ou maladie du travail
Dans ce contexte, le terme présentéisme désigne une présence abusive conduisant à un état pathologique proche du surmenage et de l'épuisement professionnel, révélant une recherche frénétique de la performance et de la productivité. Le workaholic est dans ce cas un bourreau de travail, un ergomane, un accro, mordu, drogué, intoxiqué, etc., du travail. L'employé dépasse largement son temps de travail au boulot dans le but d'être apprécié de son employeur ou il se rend au travail malgré la maladie, la fatigue, la dépression pour ne pas laisser voir ce qui pourrait être percu comme un manque de disponibilité, de motivation ou une faiblesse. Comme l'étude ci-dessus l'a révélé, les facteurs pouvant expliquer ce phénomène sont la précarité d'emploi, la surcharge de travail ou le manque de reconnaissance. Au Canada notamment, le présentéisme (appelé aussi burn-in) est considéré comme une maladie quand la présence de l'employé n'est plus que physique et cache une absence ou un vide de l'esprit. Des programmes de sensibilisation ont été mis sur pied pour venir en aide à ces travailleurs qui atteignent souvent le stade de l'épuisement professionnel (ou burn-out).
"2006 CCH Unscheduled Absence Survey", conducted by Harris Interactive, June 28-July 17, 2006.