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Si jeunes et déjà oisifs

Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé le 28/09/2004 - 00h00
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L'image du sport occupe une place prépondérante dans la vie des jeunes. Des baskets à la casquette, le look est résolument sportif. Mais pour ce qui est de la pratique, les chiffres sont beaucoup moins enthousiasmants.

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Les résultats de l'enquête parue récemment sur la santé des jeunes francophones (*) rejoignent les conclusions d'autres études européennes, à savoir que les jeunes sont de plus en plus grands, de plus en plus gros et de moins en moins actifs! Ce phénomène se répercute également dans le mouvement de désaffection dont souffrent beaucoup de fédérations sportives.

Un exemple? En France, le nombre de licenciés à la fédération de cyclisme a chuté de 48% au cours des dix dernières années. Sans doute faut-il y voir l'influence négative des nombreuses affaires de dopage... Mais il n'y a pas que cela! Dans les années 60, l'image du coureur cycliste avec son vélo rutilant et son bronzage à mi-cuisse alimentait toutes sortes de fantasmes. Ce n'est plus le cas aujourd'hui! Le cyclisme n'a plus la cote et, avec lui, c'est l'ensemble du paysage sportif qui est en train de changer.

Le sport retourne à l'état sauvage

Beaucoup d'adolescents rechignent effectivement à s'inscrire dans des structures rigides de club ou de fédération. Ils se détournent d'un univers jugé trop sévère et préfèrent s'adonner à des activités plus "sauvages" comme le roller, l'escalade, le VTT, le skateboard ou les sports de rue. D'une certaine facon, c'est rassurant de se dire que le recul des affiliations sportives se trouve en partie compensé par l'émergence de nouvelles disciplines. Mais ne nous faisons tout de même pas trop d'illusions. Pour les enfants comme pour les adultes, l'inscription au club implique une certaine rigueur dans la pratique. Lorsqu'on s'affranchit des contraintes, on réduit presque inévitablement son niveau de dépense calorique et on gagne quelques crans sur l'échelle de la sédentarité.

L'enfance de l'infarctus

Cette perspective n'a vraiment rien de réjouissant. Comme tous les autres facteurs de risques - tabagisme, surpoids - la sédentarité est d'autant plus redoutable qu'elle débute tôt dans l'existence. Une étude menée en Finlande (**) avait mis ce phénomène en évidence avec une acuité remarquable! En 1980, les auteurs avaient réuni une série d'enfants pour relever sur eux toutes sortes de paramètres: activité physique, cholestérol, poids, tension artérielle, etc. Vingt ans plus tard, ils répétèrent les mesures afin de savoir si on pouvait établir des corrélations entre les données de l'époque et leur état de santé à l'âge adulte. Les résultats dépassèrent les attentes. Ceux et celles qui présentaient des signes inquiétants dans l'enfance avaient fait 35% d'accidents cardiaques en plus! Vu sous cet angle, on réalise soudain que l'infarctus de la cinquantaine trouve parfois sa véritable origine dans les après-midi de l'enfance passées à regarder la télé plutôt qu'à taper la balle dehors avec les copains. Voilà le véritable enjeu du sport chez les jeunes!

(*) Cette étude est menée tous les dix ans par les professeurs d'Université Thierry Marique (UCL) et Christian Heyters (ULB)(**) JAMA 17 décembre 2003

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Publié par Gilles Goetghebuer, journaliste santé le 28/09/2004 - 00h00
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