Dans l'esprit de beaucoup de gens, l'hémophilie est une maladie qui empêche de mener une vie normale et certainement de faire du sport. Il est temps de réviser ces idées recues!

L'hémophilie est une affection d'origine héréditaire qui se caractérise par une petite erreur sur le chromosome X de la paire sexuelle XY. De ce fait-là, elle ne concerne pratiquement que les garcons (1 cas sur 10.000 contre 1 sur 100 millions pour les filles). Chez ces dernières, le défaut d'un X peut être corrigé par l'autre chromosome dans une paire sexuelle de formulation XX. Pour être atteinte, il faudrait que les deux chromosomes soient porteurs du même gène récessif, ce qui n'arrive pas très souvent. En revanche, beaucoup de femmes sont susceptibles de transmettre la maladie à leur descendance masculine. L'enfant éprouvera alors des difficultés à coaguler correctement.
D'intensité variable, la maladie se caractérise notamment par la fréquence d'hématomes musculaires et d'hémarthroses (saignements dans l'articulation) à l'origine de raideurs du système ostéo-articulaire et même de douleurs lors des mouvements. L'hémophile se trouve alors tenté de restreindre son activité au strict nécessaire. Mais ce faisant, il s'expose à une atrophie musculaire qui complique encore la situation. Or, il n'y a rien d'inéluctable là-dessous. De nos jours, il existe des possibilités de traitement par l'apport de facteurs de coagulation de remplacement qui permettent de garder les risques d'hémorragie sous contrôle. L'hémophile peut faire du sport et découvrir ses nombreux avantages. Par exemple, une activité physique régulière renforcera son tonus musculaire et s'opposera aux processus de fonte. Il a même été établi que l'exercice musculaire pouvait jouer un rôle utile dans la prévention des hémorragies. En effet, une articulation parfaitement maintenue par des haubans solides sur le plan tendineux et ligamentaire amortira mieux les impacts, notamment au niveau plantaire. Le sport développe aussi l'agilité. On apprend à mieux se mouvoir et à anticiper les obstacles sur lesquels on serait venu buter autrefois par manque de sollicitations et simple maladresse.
La nage de raison
Pour les hémophiles, le meilleur sport reste probablement la natation dans la mesure où le nageur est porté par l'élément liquide et où les articulations intervenant dans la propulsion ne supportent pas le poids du corps, comme c'est le cas dans la majorité des autres pratiques sportives. On préférera le crawl ou le dos crawlé à la brasse dont les mouvements sont plus brusques et où les contraintes s'exercent dans des plans anatomiques plus délicats. En complément de la natation qui sollicite peu des quadriceps souvent atrophiés dans l'hémophilie, on conseillera quelques séances sur un vélo fixe dont la hauteur du siège a été ajustée pour assurer une extension complète du genou, de facon à bien faire travailler la partie antérieure de la cuisse. Enfin, il faut compter avec l'impact très bénéfique du sport au plan psychologique. Les séances d'entraînement favorisent les rencontres et la découverte d'autres milieux. Elles aident aussi à se fixer des objectifs, tout en percevant et acceptant ses propres limites. Et voilà comment le sport libère les hémophiles!
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