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Violence conjugale : l'alcool est souvent un facteur déclenchant

Publié par Dr Marc Sertyn le 10/11/2001 - 00h00
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Un entretien avec le Pr Roger Henrion, membre de l'Académie nationale de médecine (France). Une enquête nationale sur les violences envers les femmes (Enveff), réalisée par un groupe d'experts réunis sous votre présidence, a révélé que 10 % d'entre elles étaient victimes de violences physiques ou psychologiques.

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Sait-on quelle est la place de l'alcool dans ce phénomène encore largement méconnu ?

Pr Roger Henrion :

Dans cette enquête remise en février 2001 et qui a porté sur 6970 femmes de 20 à 59 ans, il n'y a pas d'information spécifique sur le rôle de l'alcool, mais celui-ci peut être apprécié à la lumière de deux études récentes. La première étude a été menée en Loire-Atlantique ; 419 médecins généralistes y ont apporté des réponses, desquelles on tire un constat sans appel : les déterminants le plus souvent évoqués sont l'alcoolisme (93 %), le conjoint connu comme violent (57 %), les problèmes sociaux (52 % précarité, 48 % milieu défavorisé). La seconde étude provient d'une consultation toulousaine de coups et blessures volontaires. Durant une période de 4 mois, 138 femmes victimes de violences conjugales ont été interrogées ; l'alcool est impliqué dans 29 % des cas. Autrement dit, l'alcoolisme du conjoint est invoqué dans toutes les études sur les violences conjugales mais sa responsabilité va de 30 à 90 %.

Comment expliquer une telle différence ?

Pr Roger Henrion : Les patients diffèrent selon que ce sont des médecins généralistes ou des psychiatres qui les voient. Les médecins généralistes voient essentiellement des femmes victimes de traumatismes physiques causés par un compagnon alcoolique ou qui a eu une poussée de consommation excessive. Alors que du côté des associations d'aide aux victimes ou des psychiatres, les responsables sont plus souvent des hommes ayant un profil psychiatrique pathologique : ce sont des immatures impulsifs qui réagissent avec brutalité sous l'effet de l'alcool ou des pervers très orientés vers les pressions psychologiques ou encore des psychorigides autoritaires, avec souvent de grandes responsabilités, et chez qui la consommation d'alcool est moindre.

Publié par Dr Marc Sertyn le 10/11/2001 - 00h00 Chambonet et coll., 2000 ; CHU de Rangueil ; Thomas et coll., 2000. Alcool Actualité, n°1, septembre 2001.
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